ARTICLE FRANCEINFO TOULOUSE – 10 AVRIL 2025

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« Je suis intervenu dans une église dont le silence participe à ce qui passe à Gaza » : le combat d’un médecin en quête de justice pour la Palestine

 

Pascal André, un médecin urgentiste de Rodez fait grève de la faim au sein d’un mouvement citoyen qui réclame justice pour la Palestine. Sur une initiative personnelle, il a interrompu une messe dans la basilique Saint-Sernin de Toulouse. • ©

Écrit par Aude Henry

Un médecin urgentiste de l’Aveyron est à la messe, le 8 avril 2025, dans la basilique Saint-Sernin de Toulouse. Ce catholique tente de prendre la parole, mais son initiative tourne court. Quel était l’objectif ? Nous avons joint ce soignant désormais en grève de la faim pour réclamer justice pour Gaza.

« Le silence tue« . C’est le message qu’un médecin, en grève de la faim pour dénoncer les crimes de guerre en cours à Gaza, engagé au sein d’un collectif baptisé « Faim de justice pour la Palestine ». De passage à Toulouse, il a tenté de s’adresser aux fidèles qui assistaient à une messe dans la basilique Saint-Sernin. Explications.

« Levez-vous, arrêtez de vous taire »

Après l’Évangile, il s’est dirigé vers le pupitre et micro. Le prêtre s’approche, le prend par le bras et demande que la sécurité intervienne. « Vous faites entrave à l’exercice du culte« , peut-on entendre sur la vidéo tournée à ce moment-là et publiée sur les réseaux sociaux, ce jeudi 10 avril 2025. « Je suis tout à fait d’accord pour vous laisser la parole, si vous voulez bien, à la fin de la messe. »

Dr Pascal André, médecin urgentiste, a entamé une grève de la faim au sein d’un collectif qui réclame justice pour les crimes commis à Gaza. Le 6 avril 2025, il a tenté de lire une lettre lors de la messe à la cathédrale Saint-Sernin à Toulouse. • ©Hungry for justice in Palestine

Pascal André est infectiologue et médecin urgentiste à Rodez dans l’Aveyron. En février 2024, il a effectué une mission de 15 jours à l’hôpital européen de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Depuis, il a multiplié les rencontres pour réclamer le respect du droit international en Palestine. Catholique, il dit essayer de rencontrer les évêques de France. Mais se heurte au silence complet de l’Église.

Le dimanche 8 avril, il a souhaité s’adresser aux paroissiens, réunis pour la messe dans la basilique Saint-Sernin de Toulouse. « J’ai voulu lire la lettre de l’évêque auxiliaire de Jérusalem et de la Palestine envoyée aux évêques de France dont plusieurs paroissiens n’ont jamais entendu parler. Et donc, en tant que chrétien, je suis intervenu dans une église silencieuse, dont le silence participe, comme le silence de chacun, à ce qui se passe à Gaza. » En retour, il dit avoir été « violenté« . Le prêtre aurait, quant à lui, décidé de porter plainte. Pascal André explique avoir agi à titre personnel. Mais depuis le 31 mars, il s’est engagé avec d’autres citoyens dans un tour de France visant à interpeller le public sur l’inaction des États européens pour faire respecter les droits des Palestiniens.

En grève de la faim au sein d’un collectif citoyen

Ce 10 avril 2025, Pascal André est à son onzième jour de grève de la faim. Le médecin urgentiste a rejoint avec d’autres soignants un mouvement intitulé « Faim de justice pour la Palestine ». Le collectif se déplace de ville en ville pour alerter. « L’idée, c’est de continuer l’itinérance pour aller dans les lieux de décision politique que sont Strasbourg, Paris et le Parlement européen« , nous précise Pascal André.

Objectif : obtenir le respect par les gouvernements européens des avis de la Cour pénale internationale, validée par l’ONU en septembre 2024, « qui impose aux États de ne plus faciliter ce qui peut entraîner le génocide et l’inconscient génocidaire. » »L’idée de la grève de la faim, c’est aussi que les gens voient ce que c’est qu’une famine, voient ce que c’est d’avoir faim de justice, nous dit encore Pascal André. Et le médecin urgentiste n’est pas près de s’arrêter en chemin. « Je suis juste animé par mon éthique professionnelle. Dans mon serment, il est dit que soigner, c’est panser bien sûr des blessures, mais c’est aussi penser pourquoi les gens ne sont pas bien et qu’il faut agir sur les causes de la maladie, de ce qui les rend mal.« 

Ce jeudi 10 avril, lorsque nous le joignons par téléphone, Pascal André est mobilisé dans les rues de Nantes. Il y a rencontré une Palestinienne, originaire de Gaza. « Je suis avec le petit groupe qui est en grève de la faim, nous dit-elle. Même si c’est une petite goutte dans l’océan de la mobilisation pour la Palestine, ici en France, au moins ils sont là et on espère qu’ils soient plus nombreux. Ça ne peut plus durer ce qui se passe là-bas. C’est l’horreur absolue à Gaza. »