En effet, les mots disent le monde, en traduisent ou trahissent les perceptions, et fondent les hospitalités ou les suspicions. Avant que n’apparaisse le mot migrant, on parlait de Étranger – Immigré – Émigré – Expatrié – Apatride – Sans Papiers – Clandestin – Réfugié – Demandeur d’asile – Débouté – Exilé – Déplacé – Issu de l’immigration – D’origine immigrée – Beur –… Et chacun de ces mots disent et désignent l’autre, celui qui arrive comme celui qui vit ici ; celui qui ne fait que transiter, comme celui qui fuit la guerre, la famine ou les tortures.
Alors, pour favoriser la confusion, et éviter qu’ils ne soient trop précis, on a mis tous ces mots dans un grand sac, on a remué trois fois, et hop…. il n’en est resté plus qu’un, un terme fourre-tout, un terme consensuel, un terme neutre, le terme : MIGRANT !
C’est digne d’une appellation d’origine contrôlée !